Depuis un certain temps déjà, les gares ne se limitent plus à être de simples points de départ pour les voyageurs. La SNCF a métamorphosé ses plus grandes gares en véritables centres commerciaux. Aujourd'hui, elle va au-delà en projetant d'offrir des téléconsultations médicales dans des gares stratégiquement situées au cœur des déserts médicaux. Dès 2024, la SNCF envisage d'inaugurer les premiers espaces de santé de ce genre, avec un plan ambitieux de déploiement de 300 sites d'ici à 2028. Les professionnels de santé et la cnam ont peur des dérives qui nourrisent le consumérisme médical.
La réticence de la Cnam
La Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), soucieuse que la santé ne devienne pas une simple marchandise, a émis des conditions strictes pour cette initiative. Elle préconise le développement de ces services dans un environnement où la qualité des soins est assurée et souhaite éviter une inflation de téléconsultations non justifiées qui pourrait faire grimper les coûts de manière exponentielle. Ainsi, la Cnam approuve l'installation de cabines de téléconsultation dans des pharmacies, mais exclut cette possibilité dans des supermarchés.
"Il ne peut y avoir de téléconsultation dans les espaces commerciaux" a rappellé Marguerite Cazeneuve indiquant qu'elle n'aurait pas recours à une téléconsultation dans une gare.
Une approche médicale encadrée
La Cnam a rappellé qu' "on ne peut pas proposer une offre de téléconsultation non concertée avec les professionnels du territoire. Aujourd'hui, ce qui fonctionne, ce sont les initiatives des professionnels locaux".
Pour répondre à ces exigences, la SNCF a élaboré un modèle d'espace de santé où un infirmier sera présent lors des téléconsultations. C'est lui qui se chargera de positionner le stéthoscope connecté sur le corps du patient, permettant ainsi au médecin à distance d'établir son diagnostic. Raphaël Poli, directeur général de Retail & Connexion, la branche de la SNCF responsable du développement de cette activité dans les gares, explique cette approche centrée sur la qualité des soins.
Un partenariat stratégique pour l'implémentation
L'implantation de ces espaces de santé se fera en étroite collaboration avec l'Agence régionale de santé (ARS), l'Assurance-maladie et les élus locaux. Il faudra respecter les référentiels de la HAS, les règles conventionnelles dont le "seuil de 20% d'activité des médecins en téléconsultation" et ne pas pratiquer de frais annexes.
La SNCF a choisi de s'associer à Loxamed pour exploiter ces centres, un spécialiste de la télémédecine qui a déjà déployé des salles de téléconsultation avec succès à Cabourg et Avranches, deux localités de la région Normandie confrontées à une pénurie de médecins.
Le décret régulant le recours à des sociétés de téléconsultation est attendu "dans les prochaines semaines" puis les sociétés auront 6 mois" pour obtenir l'agrément ministériel.
La SNCF, en collaboration avec des partenaires clés et en respectant les conditions de la Cnam, s'apprête à révolutionner le concept de gares en introduisant des espaces de santé connectée. Ce projet ambitieux vise à combler les lacunes médicales dans des régions mal desservies tout en garantissant la qualité des soins et en évitant les dérives budgétaires. Pour l'instant, les cabines de téléconsultation sèment la discorde.
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