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Cure d'austérité budgétaire, économies de 2 milliards d'euros... la colère des hôpitaux publics face au PLFSS

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À l'approche de l'ouverture des travaux parlementaires sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour l'année 2024, la Fédération Hospitalière de France (FHF) par l'intermédiaire de son président Arnaud Robinet a exprimé ouvertement sa déception  concernant ce plan qui "est très loin de répondre aux besoins minimums" lors d'une conférence de presse le 4 octobre. 

Des chiffres inquiétants

Les hôpitaux publics sont confrontés à une perspective de "cure d'austérité" inquiétante, malgré l'annonce d'une hausse de 3,2% de l'Objectif National des Dépenses d'Assurance Maladie (Ondam) pour 2024. Cette augmentation ne semble couvrir que partiellement leurs dépenses, laissant entrevoir un plan d'économie bien plus draconien que les 500 millions d'euros (M€) promis par le gouvernement. Selon les estimations de la fédération hospitalière, "Plus de 2 milliards d'euros (Md€)" d'économies seraient demandées à l'hôpital public.

L'hôpital en péril : une "variable d'ajustement" inquiétante

Le président de la FHF, Arnaud Robinet, exprime ses craintes concernant l'objectif de réduction des dépenses publiques et quant à la possibilité que le gouvernement, « sacrifie » la santé en utilisant l'hôpital public comme une « variable d'ajustement » pour y parvenir.  A la place d'un "plan coordonné pluriannuel", il critique la logique "court-termiste" du financement proposé qui semble ressusciter d'anciennes méthodes peu efficaces. Les enjeux du PLFSS sont énormes, et la FHF est profondément préoccupée par les intentions du gouvernement concernant l'hôpital public et la santé en général. "le texte présenté aux parlementaires ne paraît pas à ce stade répondre à la nécessité" de "préserver l'hôpital public, soutenir les équipes, consolider la capacité de rebond de l'hôpital public dans l'intérêt évident et vital de la population."

Des mesures exceptionnelles de revalorisation et d'inflation à financer

Après un déficit prévu pour l'année 2022 légèrement supérieur à 1 milliard d'euros sur le budget principal et approchant 1,2 milliard d'euros en incluant l'activité médico-sociale et les instituts de formation, les perspectives pour 2023 sont encore plus préoccupantes. Les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), par exemple, anticipent un déficit multiplié par deux et demi ou trois cette année si aucune mesure de compensation n'est prise par les autorités publiques. L'impact de l'inflation, en raison de la hausse sur le prix de l'énergie, notamment de l'électricité, s'annonce bien plus important que l'année précédente avec l'effet report sur 2024 de l'inflation 2023. 

La viabilité financière du Ségur de la Santé en question

Dans le cadre du volet investissement du Ségur de la Santé, 306 projets dépassant les 20 millions d'euros sont actuellement engagés, dont 25 sont en cours d'instruction nationale. Cependant, le taux d'aide se maintient autour de 31 à 34%, des pourcentages de subvention identifiés comme insuffisants par plusieurs hôpitaux. Environ 10% des porteurs de projets affichent un taux d'endettement supérieur à 30%, et 11% ont une dette excessive par rapport à leur cycle d'exploitation, ce qui entraîne une capacité d'autofinancement négative. Arnaud Robinet a appelé le gouverement à "lancer sans attendre une grande concertation sur le financement public de la santé en France."

Défis majeurs pour l'hôpital public

La situation financière précaire des hôpitaux publics soulève des défis majeurs pour le système de santé français. Le PLFSS 2024, tel qu'il est actuellement proposé, suscite de vives inquiétudes quant à la capacité des hôpitaux publics à maintenir leurs services à un niveau satisfaisant tout en faisant face à des contraintes budgétaires de plus en plus contraignantes. Une réflexion approfondie et une action concertée semblent plus que jamais nécessaires pour garantir la pérennité de l'hôpital public et l'accès aux soins de qualité pour tous.