Selon deux études récentes menées au Canada et en Suède, le genre du chirurgien peut jouer un rôle crucial dans le suivi des opérations chirurgicales. Selon les résultats publiés dans la revue Jama Surgery, les patients semblent être mieux pris en charge par des chirurgiennes que par des chirurgiens. Etude qui interpelle dans un contexte où les femmes, qui ne représentent encore que 30% des chirurgiens, sont de plus en plus nombreuses s'intéresser à cette discipline.
Des résultats favorables pour les patients suivis par des femmes chirurgien
L'analyse de plus d'un million de dossiers médicaux par des médecins canadiens a révélé que les patients traités par des femmes chirurgiens présentaient de meilleurs pronostics et moins de complications postopératoires que leurs homologues masculins. Quelles sont les raisons de cette tendance ?
Une approche plus lente et concentrée
L’étude ne donne pas d’indication sur les raisons qui expliqueraient ces différences de traitements. Angela Jerath, professeure agrégée, épidémiologiste clinique à l'université de Toronto au Canada et co-autrice des résultats de l'étude, explique les hypothèses que les chercheurs ont tiré de ces données. Les chercheurs ont observé que les chirurgiennes avaient tendance à opérer plus lentement, mais avec une concentration accrue. Cette approche plus méticuleuse et minuiteuse semble réduire les risques d'erreurs médicales lors des interventions chirurgicales. Les femmes seraient également plus à l'écoute des remarques formulées par les enseignants et des recommandations des sociétés savantes. Elles seraient également plus enclines à demander un avis complémentaire à un confrère d'une autre spécialité : « Nous pensons qu'il y a des différences avant l'opération, lorsqu'il faut prendre la décision d'opérer et faire en sorte que les patients soient aussi bien qu'ils peuvent l'être. En dehors de la salle d'opération cela demande à ce que le chirurgien ou la chirurgienne communique avec les patients pour voir ce qu'ils veulent, pour connaître et entendre leurs ressentis et les éventuels nouveaux problèmes ».
Les données et les chiffres des deux études
L'étude canadienne a examiné les complications médicales, les réadmissions à l'hôpital et les taux de décès après diverses interventions chirurgicales, couvrant une gamme étendue de spécialités médicales chez près de 1,2 million de patients de l'Ontario (Canada) entre 2007 et 2019. Les dossiers comprenaient 25 procédures chirurgicales différentes sur le cœur, le cerveau, les os, les organes et les vaisseaux sanguins. Les résultats sont éloquents :
- 90 jours après l'opération, 13,9% des patients traités par des chirurgiens masculins ont présenté des "événements post-opératoires indésirables", contre seulement 12,5% pour les patients traités par des chirurgiennes.
- Un an après l'opération, les patients examinés par des femmes chirurgiennes ont affiché de meilleurs résultats, avec seulement 20,7% d'événements post-opératoires indésirables, par rapport à 25% pour les patients traités par des hommes chirurgiens.
- En ce qui concerne les décès post-opératoires, la différence était encore plus marquée, avec un risque de décès de 25% plus élevé un après l'opération pour les patients retenus par des chirurgiens masculins.
La docteure Angela Jerath indique que ces chiffres sont à observer avec une vue d’ensemble, « nous regardons les choses de haut, comme une vue d'avion. Cette statistique ne peut pas être appliquée à chaque pratique individuelle. Elle peut l'être pour certains, mais pour de nombreux autres chirurgiens hommes, les résultats peuvent être aussi bons que ceux des chirurgiennes. Et aussi, certaines femmes chirurgiennes sont meilleures que d'autres. C’est une moyenne ».
Une deuxième étude menée en Suède confirme la tendance, sur 150 000 patients ayant subi une cholécystectomie. Les patients traités par des femmes chirurgiennes présentaient moins de complications et passaient moins de temps à l'hôpital que ceux pris en charge par des chirurgiens. Aucune différence n'a en revanche été constatée sur la mortalité des patients.
Des implications pour l'avenir ?
Le Dr My Blohm de l'Institut Karolinska de Stockholm, qui a dirigé l'étude suédoise, souligne que la plupart des études précédentes indiquent que les chirurgiennes sont au moins aussi compétentes que leurs homologues masculins, voire légèrement meilleures. Il ajoute que ces découvertes doivent inciter à réfléchir sur les pratiques chirurgicales et encouragent une réévaluation du rôle du genre dans la médecine : "Comprendre les raisons de cette différence et nous en inspirer serait bénéfique aux patients.".
Ces études ouvrent la porte à des discussions sur l'influence du genre dans le domaine de la chirurgie, sur toutes les discriminations et stéréotypes à l'hôpital mais également aux critiques contre le risque de généralisation de ce type d'études.
Vous êtes intéressés par un changement de poste ? N'hésitez pas consulter les petites annonces MACSF.
Soyez le premier à interagir
Sur quel réseau souhaitez-vous partager ?
Envoyer par mail