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Campagne de sensibilisation aux risques liées à l'alcool chez les jeunes : faut-il prévenir ou interdire ?

Temps de lecture : 3 min

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L'alcool continue de faire des ravages en France, responsable de près de 41 000 décès par an chaque année. En outre, les jeunes, âgés de 17 à 25 ans, sont de plus en plus exposés aux risques liés à une consommation excessive. Pour contrer cette inquiétante tendance, le ministère de la Santé et de la Prévention, en collaboration avec Santé publique France, a lancé lundi 25 septembre une "campagne de communication à destination des jeunes" de 17-25 ans,  visant à les sensibiliser aux dangers de la consommation d'alcool et de drogues. Campagne décriée par le grand public...

Une urgence sanitaire

La France figure parmi les pays où la consommation d'alcool pur par habitant est la plus élevée, atteignant 11,7 litres par an et par personne âgée de 15 ans et plus. Les conséquences sanitaires et sociales de cette consommation excessive d'alcool en France sont dévastatrices. L'alcool est l'une des trois principales causes de mortalité évitables dans le pays, un facteur majeur de perte d'années de vie en bonne santé, et l'une des principales causes d'hospitalisation. En outre, les jeunes sont particulièrement vulnérables à l'expérimentation de substances psychoactives, avec 81 % des jeunes de 17 ans ayant déjà essayé l'alcool et 30 % ayant expérimenté le cannabis.

La Campagne "C'est la Base" : protéger soi-même et les autres

Cette campagne illustre la volonté du ministère de la Santé et de la Prévention sensibiliser les jeunes en cette période propice aux moments festifs et aux comportements à risque en matière de consommation d'alcool et de cannabis. En effet, la fin du mois de septembre et le mois d'octobre marquent le début des soirées et des week-ends d'intégration liés à la rentrée universitaire. La campagne de prévention, intitulée "C'est la Base", rappelle les gestes simples à adopter pour se protéger, et protéger les autres contre les dangers liés à la surconsommation d'alcool ou à la consommation de drogue. Quatre affiches ont été révélés pour être distribuées avec des messages "Ne pas insister si  tes potes ne veulent pas consommer, c'est la base", "Garder un oeil sur test potes en soirée, c'est la base", "Raccompagner tes potes s'ils ont trop bu, c'est la base" et "Boire aussi de l'eau si on consomme de l'alcool, c'est la base". Des contenus vidéos sont également prévus pour les réseaux sociaux, et des messages par radio. 

Dans le cadre d'un dispositif d'information et de communication plus large, Santé publique France renforcera son site en ligne "Alcool Info service" afin d'améliorer le soutien aux personnes en quête d'informations et d'aide pour faire face à leurs problèmes d'addiction. L'objectif est d'améliorer l'orientation et l'aide personnalisée pour les utilisateurs. Cette refonte du site inclura la production de contenus multimédias supplémentaires et un budget renforcé pour la promotion de cette plateforme, dont la mise en ligne est prévue fin 2023. 

Une campagne décriée

La campagne préconise l'adoption de plusieurs comportements visant à réduire les risques associés à la consommation d'alcool, tels que la recommandation de boire de l'eau entre chaque verre pour atténuer ses effets, le conseil d'éviter d'encourager quelqu'un. un à boire s'il n'en a pas envie, et l'encouragement à raccompagner les amis qui ont trop bu. Cette approche a été vivement critiquée, tant sur le fond que sur la forme, par plusieurs médecins qui estiment qu'elle tend à normaliser la consommation d'alcool, notamment en omettant de présenter les risques pour la santé liés à celle-ci. .

Le pneumologue François Vincent, par exemple, a commenté sur la plateforme X (le nouveau nom du réseau Twitter) que la campagne semblait associer l'alcool et la fête, tandis que le généraliste Bernard Jomier, également sénateur écologiste affilié au PS, a qualifié la campagne de "sans précédent" en raison de son absence de message de réduction de la consommation, allant jusqu'à affirmer que les producteurs d'alcool pouvaient se sentir rassurés.

En réponse à ces critiques, le ministère de la Santé a défendu son choix stratégique en rappelant qu'il visait à encourager les jeunes à prendre conscience des risques plutôt que de les pousser vers une abstinence illusoire. Un responsable du ministère a souligné la réalité des chiffres de santé publique, indiquant que quatre jeunes sur cinq âges de 17 ans avaient déjà consommé de l'alcool. Lors du lancement de la campagne, le ministre Aurélien Rousseau avait déjà dit assumer de "définir des priorités et choisir des messages" tout en affichant sa "détermination" à lutter contre l'alcoolisme.


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