La médecine générale, l'un des piliers essentiels du système de santé, fait face à une chute brutale de son attractivité parmi les étudiants en médecine ayant passé l'ECN en 2023. Cette tendance inquiétante a été récemment soulignée par l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (Isnar-IMG), qui a identifié plusieurs causes de ce déclin.
Des chiffres préoccupants
La médecine générale a toujours été historiquement l'une des spécialités médicales les moins populaires parmi les étudiants en médecine. Cependant, au cours des dernières années, on peut constater une augmentation constante de l'attrait pour la médecine générale, comme le montre le choix de spécialité des internes. Depuis 2019, tous les postes en médecine générale (à l'exception de ceux relevant du contrat d'engagement de service public) ont été pourvus, et tous les indicateurs liés au classement (comme le classement médian des internes généralistes, le classement moyen, et le classement du dernier interne à choisir la médecine générale) ont connu une hausse entre 2017 et 2022.
Cependant, la promotion 2023, qui vient de terminer ses choix de spécialité pour l'internat semble avoir mis un terme à cette tendance positive. En effet, selon l'indice d'attractivité défini par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), qui se base sur le classement des candidats pondéré par le nombre de postes disponibles dans chaque filière, la médecine générale occupe la 42ème place parmi les préférences des internes en 2023, sur un total de 44 spécialités.
Seules la santé publique (43ème) et la médecine du travail (44ème) suscitent moins d'intérêt de la part des futurs médecins. Certes, tous les postes en médecine générale hors CESP ont été pourvus (et seulement huit postes en CESP n'ont pas été pourvus, soit un taux de postes remplis de 99,8 % au total), mais tous les autres indicateurs de classement montrent une baisse. Par exemple, le classement médian des internes ayant choisi la médecine générale en 2023 est désormais à la 6 807ème place sur 9 727, alors qu'il était à la 6 523ème place en 2022. En 2023, l'écart entre le dernier étudiant à choisir sa spécialité et le dernier à choisir la médecine générale est réduit à seulement treize places.
Les incertitudes en jeu
Au-delà de ces chiffres, l'Isnar-IMG se penche sur les raisons de cette baisse d'attractivité. L'une des principales causes évoquées est la création d'une quatrième année d'internat en médecine générale, qui est encore entourée d'incertitudes à l'heure des choix. L'organisation des étapes était particulièrement incertaine, ce qui a inévitablement influencer les décisions des étudiants. La nouvelle structure de l'internat n'a été publiée au Journal officiel que le 12 août, ce qui a créé de l'incertitude et peut avoir dissuadé certains étudiants. Les étudiants qui ont opté pour la médecine générale cette année seront les premiers à suivre ce nouvel internat d'une durée de quatre ans au lieu de trois. Selon le syndicat Isnar-IMG, qui a toujours été en désaccord avec cette réforme, la médecine générale était choisie, entre autres raisons, pour sa formation plus courte. Ceci était particulièrement important car le statut d'interne est réputé pour être particulièrement exigeant, avec des responsabilités considérables,
Cependant, la quatrième année d'internat n'est pas la seule explication. Selon Théophile Denise, les menaces constantes pesant sur la liberté d'installation des médecins généralistes ont également eu un impact négatif sur la spécialité. Les récentes discussions autour du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, des propositions de loi portées par des députés, et des négociations conventionnelles ont créé un climat d'incertitude qui a affecté la perception de la profession de médecin généraliste par les étudiants en médecine. Il convient également de prendre en compte les incertitudes qui planent sur l'exercice de la médecine générale de manière plus globale. Cela inclut les débats constants sur les tarifs des consultations, ainsi que l'augmentation croissante des délégations de compétences aux professions paramédicales.
Les propositions pour inverser la tendance
Face à cette situation préoccupante, l'Isnar-IMG propose plusieurs mesures pour renforcer l'attractivité de la médecine générale.
Tout d'abord, elle demande la suspension de la quatrième année du diplôme d'études spécialisées, du moins jusqu'à ce que les directives pour cette année supplémentaire soient claires. De plus, il est nécessaire d'augmenter les capacités de formation, notamment en multipliant le nombre d'internes et de maîtres de stage universitaires pour les accompagner.
L'Isnar-IMG plaide également en faveur de mesures visant à améliorer l'accès aux soins, ce qui aurait un impact direct sur la qualité de travail des médecins. Parmi les propositions figurent l'arrêt de la rédaction de certificats médicaux inutiles et la possibilité pour les patients de déclarer eux-mêmes les arrêts de travail de courte durée.
Enfin, l'Isnar-IMG appelle le gouvernement à inclure les professionnels de la médecine générale dans les discussions sur l'avenir de la spécialité. À ce jour, l'Isnar-IMG n'a pas reçu de réponse du cabinet du ministre de la Santé et de la Prévention concernant ses propositions, bien que celles-ci soient déjà connues, et n'a pas été informé d'une éventuelle consultation sur la réforme de la quatrième année du diplôme d'études spécialisées.
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